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19 janvier 2009

PRINCE VALIANT : de la différence singulière entre les versions noir et couleur ...

slatkpvmeret à propos des écarts scénaristiques déroutant d’Harold Foster.

L'auteur : Harold Foster

les éditeurs : Slatkine, Zenda

Les dates : 1940-41

Les épisodes :  été 1941 et Mars 43

 

L’héritage artistique

Si l’on considère seulement l’aspect bibliophilique de la chose, on remarquera en priorité les 3 volumes noir et blanc de Prince Valiant édités par les éditions Serg de 1973 à 1977. Première vraie belle expérience, avec un format intéressant, un papier de qualité, mais des aventures néanmoins incomplètes. Slatkine prend ensuite la rélève en 1980 (sur la maquette de Serg) et publie 6 tomes à son tour, de bonne facture. Le papier est plus épais, sa teinte légèrement jaunie, mais l’impression est bonne et les textes de qualité. Mais là aussi, la série s’arrête aux années 51.
Puis Futuropolis s’y met à son tour, de 1986 à 89 avec 5 tomes plutôt réussis, toujours en noir et blanc, mais avec jaquette, et allant jusqu’en 1948.
Arrivent alors les nouvelles éditions Zenda, qui de 1988 à 1997 se lancent dans la réédition  de ce classique,  dans le désordre, mais en intégralité. (Episodes de 1937 à 1971) et en couleur. Dans la nouvelle maquette, le format change ainsi que la traduction.

pv1zenda

De prime abord, en disposant face à face quelques case de ces deux versions, (voir la même planche en noir plus haut) on peut déjà facilement reconnaître l’avantage esthétique et narratif du noir et blanc sur la couleur. En effet la colorisation d’époque n’est pas spécialement adaptée aux canons des années 90 et l’avantage qu’une bande en couleur offre habituellement aux plus jeunes lecteurs est ici diminué. Là ou les cases noir et blanc nous offrent chez Serg et Slatkine un rendu superbe du travail graphique de Foster, ces cases colorées sont presque un supplice pour les yeux de l’amateur, embuant le dessin derrière des coloris délavés.

Ensuite, la nouvelle traduction, en comparaison, diffère de façon notable.  Les textes sont retapés, revus et le ton change. Ceci a pour effet, pour qui connaît la version précédente de laisser un sentiment confus d’inadapté.  La  poésie inhérente au texte off change de rythme, de musicalité...
A contrario, on peut, à décharge de cette édition Zenda, (traduction de Stéphane Salvetti pour ces épisodes 1941-43) remarquer les erreurs d’inattention de la version noir et blanc de Slatkine, (traduction Michèle Tingaud et Edouard François) comme par exemple lorsque dans la version originale alors que Valiant est en prise avec une pieuvre géante dans une fosse où il a été jeté, il s’apprête à s’accrocher à un anneau providentiel afin de s’échapper. L’épisode de la semaine à venir est annoncé “Next week : the Ring” (l’anneau”). Et la traduction Slatkine nous donne : “La semaine prochaine : the King” (Le roi).

Comment une erreur aussi grossière peut-elle être passée ?

pieuvreslatkine

pieuvrezenda

 

 

 

Certains argueront que cela est le cas de nombreux texte re-traduits. Sans doute. Mais cette tentative un peu vaine de faire mieux  nécessitait quelques éclaircissements. On la saluera cependant en conclusion puisque c’est la seule à nous proposer l’intégralité des aventures. Un des hauts faits des petites éditions Zenda et de Doug Headline.

 

Un épisode étrange (parmi des scènes étonnantes.)
Lorsqu’on laisse Prince Valiant fin 1940 se faire dépossédé de son arme magique par le pirate Angor Wrack, jusque là ses aventures avaient heureusement oscilés entre batailles quasi documentaires contre les Huns et  épisodes fantastiques. A ce sujet celui du tourbillon de Tembelaine figure parmi les meilleurs passages de cette année ci.
A partir de l’été 1941 les épisodes de Prince Valiant prennent néanmoins un ton nettement différent. En effet, dés le 20/07/1941, Harold Foster nous conte la mise en esclavage de son héros. Si la découverte de l’humilité pour ce prince au sang chaud est un moment intéressant dans la saga, la façon étrange que ce dernier a de duper et d’humilier la princesse arabe qui le retient prisonnier et qui l’a fait fouetter, laisse une impression amère. On retrouvera ce genre de scène un peu plus tard, lorsque Val afin de se venger d’un faux moine, (mais vrai brigand) qui a tenté de l’esgourdir en le poignardant violemment dans le dos (mais il avait sa côte de maille), prend l’initiative de pendre celui-ci  sans autre forme de procès. (Planche du 28/03/1943)
Pour l’époque nous explique le texte, cela est normal : “A notre époque, la conduite de Val semble un peu impétueuse, mais il ne vit pas à notre époque. Il a fait ce qu’il devait faire. Sans délai et sans hésitation” (...)
Mais le sourire du héros qui se cure les ongles tout en poussant son cheval qui retient le moine à la corde a du mal à faire passer l’aspect brutal de la situation, même si la scène de sa propre infortune était aussi violente.

L’épisode du mage, (été 1940) suivant la sortie d’esclavage de Val est aussi particulièrement notable, puisque très étrange. L’auteur nous impose en effet durant 6 planches une histoire ahurissante.
...Alors que Val chevauche dans les montagnes il croise une scène de panique dans un défilé, où d’étranges silhouettes maléfiques mettent en fuite de paisibles marchands. On lui explique que ces âniers “serviteurs” viennent chercher des provisions pour un mage habitant plus loin dans un châteaux isolé de tous. N’écoutant que sa curiosité, notre héros s’y rend.

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Là il tombe sur une forteresse inaccueillante, dans laquelle il entre néanmoins, ne craignant pas les pâles figures qui l’escortent. Il est accueilli par une scène de ménage entre le sorcier et sa dame, une ravissante jeune femme.

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Des scènes conjugales surprenantes (pour un socier) au mileu d'un récit d'aventure !

Pour résumer, le sorcier ourdi un plan machiavélique pour éloigner Prince Valiant en compagnie de sa dame. Le sorcier prétextant finalement une tromperie de cette dernière, celle-ci ne peut rester au châteaux après son écart, et il enjoint le nouveau “couple” de partir très loin. Prince Valiant n’écoutant que son devoir de chevalier, emmène la dame... Mais le mage resté seul s’empêtre dans ses affaires en désordre, n’a rien à manger le soir... et s’ennuie. Il regrette assez vite la présence d’une femme, et emploi ses pouvoirs pour la faire revenir dans un orage qu’il a appelé de ses sortilèges, l’enlevant au sens propre des côtés de Val. (...?)

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On se demande ici ce que Foster a bien voulu nous apporter ou nous (dé)montrer. Cela participe à l’étrangeté des scénarios de de la série ainsi qu’à son charisme, au delà de l’aspect purement graphique. A t-il introduit dans un moment de déprime une scène propre à sa vie conjugale ? Nous ne le saurons sans doute jamais. Toujours est il que l'aspect humoristique de la chose, intégrée au beau milieu d'un épisode fantastique n'aura échappé à personne.
Foster nous interpelle au final de différentes manières :  avec du reportage historique illustré, des aventures haletantes, mais aussi grâce à un ton résolument personnel, sans tabous, et souvent avec un humour grinçant qui lui appartient en propre.

Tout l’intérêt de cette série finalement, où tout peut arriver, au détour d’une page.

ps : On se reportera aussi aux préfaces de Pierre Couperie, (éditions Slatkine) qui aborde dans un texte plus long ces particularités de Foster.

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Commentaires
H
Merci "Aleta" !! C'est énorme.
V
Si cela intéresse des fans de Prince Valiant qui attendent depuis 10 ans la traduction française du tome 18,( réconciliation de Val et d'Aleta) chez Zenda, je l'ai traduit pour vous.<br /> <br /> Allez sur mon blog pour consulter ce dernier tome en français en ligne !<br /> <br /> Mon blog : aleta.monblog.fr
H
Raymond, pour ma part je serai moins enthousiaste que toi sur ces scenettes auxquelles tu fais allusions et qui parcourent les épisodes de 1941 à 1944 environ (si je me souviens à peu près; à vérifier).
Ces bandes situées en bas de page ne m'ont pas intéressées,pourquoi ?
Parce que tout d'abord elles perturbent l'homogénéité de la lecture du récit, puisqu'il s'agit d'un autre déroulement indépendant, (quasi documentaire de la vie de château) et secondo, elles perturbent l'agencement des planches habituelles, puisque leur enlevant une bande. Du coup, on a moins à lire, et graphiquement, la planche est "tronquée".
Voilà ce que j'ai ressenti la première fois.
Du coup, j'ai à peine survolé ces scenettes.
H
Un oubli de ma part en relisant cette note : J'ai été catastrophé en comparant les noirs et blancs de Futuro et ceux de Slatkine ou Serg.<br /> Une case de l'épisode de L'île brumeuse (1940) où Valiant cherche sa féé sur l'île maudite est particulièrement représentatif de la différence d'approche et de traitement des impressions.<br /> <br /> Une case retient tout particulièrement mon attention ; celle où l'on voit un guerrier en haut d'une dune scruter la mer, avec un gros nuage grisé derrière lui. <br /> Là ou les premiers éditeurs nous proposent un noir et blanc doucement contrasté mettant chaque élement en valeur, Futuropolis a choisi d'augmenter la saturation ce qui donne une case abominbale :<br /> Noir très noir et nuage de pluie devenu du coup énorme nuage de fumée, comme si un incendie couvait.<br /> Les contours de chaques élements du décor sont aussi grossiers, peu esthétiques.<br /> <br /> C'est ce qui me fera personnellement éviter cette édition.
H
En vérité je vous le dit... désolé d'avoir "zappé" vos commentaires à tous. Et merci après coup. Ces validations débiles sont inutiles ici et m'ont mis dedans.<br /> Des épisodes à consiller ?... les premiers !! Après, c'est cool, mais ça sent la mièvrerie quand même. (Pensez, il se marie !)
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