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29 mars 2010

Sous entendu : "Que suis-je en train de lire ?"

Réflexions soulevées à partir du manga : Undercurrentundercurrent 

de Tetsuya Toyoda, publié chez Made in (Dargaud)   2008

> ci à droite : extrait p. 160

...Où la lecture de ce manga me fait me demander ce qui fait l'appartenance de ce récit au style manga et comment amener à la lecture d'un livre aussi subtile et intéressant des personnes ne lisant pas de bande dessinée et encore moins de BD japonaises.

Je ne saurais trop quoi rajouter à la bonne chronique de Baptiste Gilleron sur ActuaBD, aussi je vous soumets le lien pour en connaître le résumé et les grandes lignes.
Chronique d'Undercurrent sur ActuaBD

Des « sentiments » propres à l'Asie ?

Ceci dit, cette tranche de vie sociale faisant état d'un couple séparé par le destin et les interrogations d'une jeune femme au quotidien amène quelques réflexions sur la propension qu'ont les japonais à pouvoir raconter aussi facilement des histoires sociales (des histoires tout court ?), dans des genres très variés et arriver à nous intéresser au plus haut point. Car en dehors du lieu, de quelques modes traditionnels parsemés ci et là, et de l'architecture des rues, des maisons de l'histoire, ce récit pourrait arriver sans doute à un occidental !?
C'est en tous cas ce que l'on aurait tendance à croire, alors que le fort de ce genre de manga est justement de diffuser de manière quasi imperceptible des « odeurs » des « sentiments » propres à l'Asie.
Tout comme ces films japonais ou coréens qui nous enchantent de leur poésie tranquille.

Tout comme la BD franco belge nous a habitué à des récits d'aventures (cette appellation « Franco-belge » a t-elle d'ailleurs encore un sens en 2010 ? car les plus jeunes  lecteurs  séparent dorénavant très clairement en trois grands familles le média :
- « Bande dessinée (classique et format franco-belge),
- « Mangas »
et « Comics », rappelons que cette première a cependant subit une évolution/transformation significative depuis les années 70. Mais force est de constater qu'elle reste encore pour beaucoup d'adultes attachée à l'âge d'or des années 40/50, avec des séries très familiales d'aventures historiques, héroïques, de western, de policier... lorsqu'il ne s'agit pas de BD érotiques, ou d'humour (assez lourd ou « gaulois » d'ailleurs parfois).
On pourra à ce sujet se demander alors :

Où se situent les « romans graphiques » européens dans cette catégorisation quelque peu fermée ?

La vrai question serait plutôt : le grand public les connait-il ?, les lit-il ?, s'y intéresse t-il ?

Toujours est-il qu'on peut pointer précisément l'apanage du manga à proposer en nombre et de manière régulière des récits cohérents et de longue haleine, (parfois même très  intelligents) sans tomber dans l'autobiographie à tendance dépressive ou nostalgique, apanage plutôt occidental.
Sans doute les japonais savent-ils d'avantage raconter simplement qu'illustrer, bien que le trait de la plupart des mangakas soient tout à fait précis, mais il est évident que la bande dessinée européenne cherche d'avantage à interpeller le lecteur par le biais d'un beau dessin , avec une histoire au passage si possible intéressante, que l'inverse, même si bien sûr, il faut se méfier des généralités, sur les trois continents. D'autant plus que l'on sait que les mangas sont produits pour tous les genres de public, et sont donc très compartimentés par lectorats : jeunes, âgés, homme, femme, récits sérieux, adultes, de collège, de sport, de SF, érotiques...etc.

Il faut cependant reconnaître que dans la production titanesque d'albums que connait le milieu depuis la fin des années 90, rares sont les titres en Europe (et en France surtout) qui brillent à la fois par leur teneur scénaristique et leur dessin.
On constatera d'ailleurs que là où le japonais travaillent la plupart du temps seuls (en solo: scénario/dessin), la tendance européenne est plutôt dans le format "album classique", au binôme scénariste/dessinateur, comme si il fallait laisser une marge à ce dernier pour effectuer son travail « d'enluminure" sans se soucier de l'histoire... Tradition toute française ?

(Additif de Mai 2010 : l'échange de commentaires me permet de largement relativiser ce propos, puisqu' évidemment, il est bien connu que les auteurs japonais travaillent souvent en studio, donc pas seul. Néanmoins, cela est-il le cas de tous ces auteurs ? De plus, si les pages peuvent être dessinées à plusieurs mains, il n'en reste pas moins que l'auteur reste à l'origine du scénario et du style graphique de base)

Un beau dessin, avant tout ?

Evidemment, il y a des exceptions, et quelques grands noms sortent du lot depuis déjà quelques années en ce qui concerne ce qu'on appellera, faute de mieux et pour les différencier : des "Romans graphiques", mais si ces ouvrages proposent des thèmes assez variés, et des scénarios assez élaborés , audacieux, philosophiques et parfois introspectifs, notons que dans ces albums réalisés la plupart du temps en solo, le dessin reste quand même en majorité un élément primordial. (On pourra citer par exemple parmi les auteurs "installés" français : Larcenet, Chabouté, David B, qui bien que proposant des albums de qualités scénaristiques indéniables, jouent néanmoins aussi sur l'aspect graphique du média., un peu à l'inverse de la tradition japonaise.
Mais ceci est sans doute moins vrai pour de jeunes auteurs, au style graphique moins »marqué » (personnel), mais publieront-ils assez d'ouvrages et seront-ils assez distribués pour retenir l'attention ?

Si on voulait grossir le trait à outrance, et en sortant du simple aspect « traditions culturelles », (et ce malgré les rapprochements et influences croisées entre occident et Asie depuis de nombreuses années), on pourrait alors se demander :

Le beau dessin nuit-il donc à une bonne histoire en « bande dessinée » ? (c'est à dire qu'un beau dessin sur une histoire un peu complexe détournera peut-être l'intérêt de certains lecteurs « classiques)

et... le manga est-il plus proche du Roman que de la Bande dessinée telle que le grand public (pense) la connaitre ? 

Lorsqu'on entend certains dire qu'un auteur comme Bilal devient trop "intello", on peut en effet se le demander, alors que justement son dernier album est une réussite de narration. Car beaucoup n'aimeraient sans doute voir dans ses albums qu'une suite de beaux dessins. (...)

"Que suis-je en train de lire ?" :
...Une question sur la réalité de la diversité du média, que l'on peut-être amené à se poser  lorsqu'on lit une « bande dessinée » (d')aujourd'hui, tel cet "Undercurrent" d'origine japonaise.


A lire :
Franconiaiseries-contre japoniaisereies (Du9.org, 1997)

"Un bon pavé en noir et blanc" (à propos des nouvelles bandes dessinées, article de Appollo, du9.org, Juillet 2000)

Un glossaire pointu de la Bande dessinée moderne, pour se familiariser, un peu...

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Commentaires
H
J'ai légèrement réadapté et aéré quelque peu avec des titres de paragraphe la présentation du billet, afin de la rendre un peu plus compréhensible. Merci des remarques.
H
Merci pour ces remarques. Je comptais sur les commentaires pour faire avancer mon questionnement.<br /> Effectivement, lorsque je parle du japonais, seul, j'ai été un peu rapide en schématisant le duo évident occidental : scénariste/dessinateur, en oubliant (le malheureux !) que souvent les mangas sont réalisés en studio" à plusieurs petites mains.<br /> D'ailleurs ce système de 'studio" était déjà bien connu des belges chez "Tintin" par exemple à l'époque d'Hergé, donc... ce n'est pas une mode japonaise non plus.<br /> Néanmoins, j'ai été un peu rapide il est vrai.<br /> <br /> En ce qui concerne les romans graphiques japonais, je n'ai pas oublié de préciser qu'il y avait plusieurs styles de mangas, mais.. du coup, tout comme il existe aussi plusieurs styles de BD occidentales.<br /> Je comprends donc ton interrogation sur le sens de cette "démonstration". Mais ce billet ne tentait rien de démonter, plutôt de questionner et mettre en exergue...à la fois la diversité des BD d'aujourd'hui et le peu de différence finalement entre cette diversité au japon, comme chez nous; mais aussi la qualité de certains romans graphiques japonais et coréens.<br /> <br /> En gros, un billet sans doute trop spécialisé pour s'adresser à ceux qui ne lisent pas encore de romans graphiques ? Une sorte de raté quoi.
L
Je suis un peu perdu avec le billet. Que signifie par exemple "là où le japonais travaille seul" par exemple ? Est-ce que c'est pour cet album particulier ? Est-ce que c'est en général ?<br /> De plus, on pourrait croire que le grand public se précipite sur le "roman graphique" japonais, ce qui ne semble pas être tout à fait le cas. Et même chose en France où le manga est surtout acheté par des ados qui se cantonent largement à leur sphère d'intérêt.<br /> Bref, je ne comprends pas ce que ce billet voulait démontrer... à part peut-être que les Japonais ne se foulent pas trop pour le dessin :-)
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